L’Organisation mondiale du Tourisme des Nations unies (OMT) vient de publier les chiffres du Tourisme international dans son Baromètre de septembre. Il nous apprend que le premier semestre 2017 affiche les meilleurs résultats jamais enregistrés depuis 2010. La France a pu rester la première destination touristique mondiale avec 82,6 millions de visiteurs internationaux, malgré une année 2016 très difficile avec ses attentats, sa météo détestable pendant la saison touristique et ses grèves à répétition (801 soit 2,2 par jour) dont 110 nationales.
Toutes les enquêtes montrent que ces visiteurs internationaux sont attirés avant tout par notre Culture (architecture historique et musées mais aussi artisanats et arts vivants), notre gastronomie, nos boutiques (vitrines de nos savoir-faire) et notre art de vivre. Bien que 5ème en terme de recettes, le tourisme « pèse » plus de 7 % du PIB, soit davantage que l’aéronautique et l’agro-alimentaire, et deux millions d’emplois non délocalisables. Il reste donc un des premiers atouts de la « Marque France » à l’international.
Par ailleurs, les Français ont effectué plus de 200 millions de voyages plus ou moins longs à l’étranger et le réseau des restaurants français dans le monde (79 étoilés Michelin à Londres), par exemple, participe à ce rayonnement de la France dans le Tourisme international. Il serait intéressant de pouvoir y ajouter aussi les chiffres du tourisme des pays francophones, mais les statistiques internationales disponibles sont faites par pays, grandes régions et continents. Cependant ces chiffres mettent déjà en évidence que le Tourisme offre tous les ans des centaines de millions d’opportunités de contacts avec la langue française donc avec la Francophonie et ses cultures.
De plus, le tourisme linguistique est en plein essor. Le premier séminaire de haut niveau organisé sur ce sujet en Juin 2015 par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international a montré que l’intégration de la langue française dans notre offre touristique avait un impact important sur l’attractivité de nos Régions.
A cette occasion une plateforme numérique développée par Campus France a été lancée : « Immersion France ». Elle a pour ambition de faciliter la venue en France des étudiants mais aussi des professionnels et des touristes désireux d’apprendre la langue française lors de séjours touristiques adaptés.
Ce tourisme génère près d’un million de nuitées et plus de 115 millions d’euros de chiffre d’affaire. Ce n’est pas négligeable mais la marge de progression est immense car 125 millions de personnes apprennent le français dans le monde et plus d’un million s’inscrivent chaque année dans notre réseau exceptionnel d’Instituts français et d’Alliances françaises. L’Alliance française est en effet le premier réseau culturel mondial avec 800 implantations dans 137 pays sur les cinq continents pour un demi-million de personnes chaque année, auxquels il convient d’ajouter les six millions de personnes qui participent à leurs activités culturelles. Mais la plupart d’entre eux ignorent l’existence de cette plateforme.
Certains de ces établissements ont innové en créant des modules spécifiques pour « le français langue du Tourisme » mais trop peu d’entre eux et le lien avec la promotion des destinations françaises y est rarement associé faute de partenariats.
Le réseau « France Alumni », mis en place en 2014, permet aux étudiants ayant réalisé des études supérieures en France de rester en réseau, de valoriser leur séjour en France dans un cadre professionnel et de maintenir des liens d’amitié. Il pourrait être étendu aux étudiants « non supérieurs » des métiers du tourisme (guides-interprètes, métiers de l’accueil, de la gastronomie, de la mode, des activités sportives de plein air, de la médiation culturelle, du numérique etc…) car ils sont eux aussi des ambassadeurs précieux de la culture francophone dans le monde.
C’est d’autant plus important que le Tourisme francophone doit relever aujourd’hui un nouveau défi au-delà des enjeux économiques et sociaux. Les attentats récents montrent que les cibles choisies sont la plupart du temps des lieux culturels et touristiques. Ce n’est pas un hasard. L’enjeu est donc dorénavant aussi éthique car le Tourisme francophone peut participer à la « défense et illustration » d’un art de vivre, et d’une certaine idée de l’homme et de la femme.