Par Aurélie JEAN, l’Observatoire – 221 pages
Les algorithmes ont pris place dans le haut du palmarès des peurs montantes, générées par notre « nouvelle société numérique » dans laquelle nous sommes, sans doute, définitivement installés.
La crainte d’une perte de contrôle généralisée de nos vies liée à l’intelligence artificielle s’appuie notamment sur une méconnaissance des algorithmes qui rythment nos actes et les séquences de vie dans leur quasi-totalité (mobilité, santé, travail, etc. ) .
En outre, la difficulté de compréhension, et plus encore la maîtrise de leurs subtilités ajoutent à la confusion qui touche à leur utilisation et au danger qu’ils sont supposés représenter. « Les algorithmes sont au cœur du processus de décision dits automatisés qui concluent parfois à notre place ou arbitrent sur notre futur…».
Aussi la question de leur régulation est-elle posée.
Aurélie JEAN s’interroge dans ce nouvel essai sur la nécessaire adaptation de la loi à ce nouveau contexte et au « Comment est-elle pensée, appliquée, voire utilisée au sein même du système judiciaire? ».
Avec le talent et le sens de la pédagogie qu’elle a su démontrer dans la publication de ses précédents ouvrages et dans ses développement très documentés, l’auteure montre que « … si les algorithmes ne peuvent pas faire la loi et s’ils ne disposent d’aucune personnalité juridique, ils l’influencent et en orientent désormais la pratique… ».
Il reste que les algorithmes sont comme la langue des hommes : « ..mal employés, ils deviennent une menace pour les principes de transparence et d’équité, mais, bien maitrisés, ils peuvent au contraire guider ceux qui font la loi et l’exercent dans une approche d’ égalité de traitement … ».
Aurélie JEAN plaide donc pour « des lois souples et anticipatrices qui ne sacrifient en rien le progrès et en les pensant dans la plus grande objectivité, scientifique, sociale et économique ». Cet objectif ne saurait être atteint sans des accords entre pays similaires permettant d’espérer une régulation mondiale et surtout en souhaitant « que la transparence inhérente à l’ exercice de la justice puisse rejoindre le champ des algorithmes afin de « … permettre à chacun, citoyen ou législateur, de garantir l’harmonie, la justice et l’essor intellectuel au sein de nos sociétés … ».
Les réflexions d’Aurélie JEAN ouvrent le chemin d’un possible qui allie rigueur de l’analyse scientifique avec une vision stratégique lumineuse. Un essai incontournable pour tout public, étudiants, chercheurs et praticiens … que nous sommes tous… plus ou moins et souvent… à contre cœur.