Revue d’économie financière – AEF n° 142 – 2ème trimestre 2021 – Coordonnée par Jézabel COUPPEY-SOUBEYRAN et Vivien LÉVY-GARBOUA
La stabilité du système financier international, comme l’intermédiation financière elle-même sont confrontées depuis 2008 à des tensions inédites : la répétition de crises majeures, les effets contradictoires des normes prudentielles qui laissent en pratique prospérer le « shadow banking » etc..
Pour maintenir la confiance face à ces transformations disruptives, les régulateurs ont dû innover, s’éloignant d’une intermédiation centrée sur les grands établissements dont le modèle de banque universelle parait révolu, en progressant vers des modèles plus décentralisés.
Mais comme le notent les auteurs de ce nouveau brillant collectif : « … le scepticisme sur les capacités du système financier à se reformer sans crises majeures est très présent … ». Il en résulte un double point de vue :
– soit, il convient de changer tous les modèles de gestion (politique monétaire, Banques Centrales, etc…), dans un contexte de fortes et croissantes interventions des États,
– soit , il faut s’en remettre à la capacité des innovations financières pour : «…régénérer en quelque sorte le système …de l’intérieur … ».
Les co-auteurs de ce numéro de la REF s’attachent à analyser les situations des différents acteurs de l’intermédiation financière, face à ces deux points de vue.
Dans ce contexte, il apparait que le « shadow banking » est devenu une forme structurelle et très complémentaire de l’intermédiation financière de même que la gestion d’actifs qui bénéficie d’un afflux inédit de capitaux en liaison avec le niveau des taux. En Europe, précise Denis Beau, sous- gouverneur de la Banque de France : «…la préoccupation touche plus à la concentration accélérée du secteur bancaire, plutôt qu’à sa rentabilité, moins impactée qu’il n’était craint… ». Mais, « …les grandes machines de collecte populaire de l’épargne .. » comme l’Assurance – vie sont grippées par la faiblesse des rendements et des taux négatifs . Si la dérive « vers l’inflation et la « répression financière » du système financier reste « inexorable », comme le montrent Vivien Levy Garboua et Gérard Maarek, le modèle d’affaires de l’ensemble des intermédiaires financiers est mis au défi d’évoluer pour résister aux crises systémiques à venir et s’adapter aux (grands) besoins d’investissement des économies après la crise du Covid.
Ces visions transversales, très complémentaires et documentées qu’apportent la trentaine d’éminents contributeurs à cette parution seront très précieuses.
Pour tous publics, experts, enseignants, et étudiants. Remarquable.