Par Philippe AGHION, Céline ANTONIN, Simon BUNEL – Éditions Odile Jacob – 436 pages
Cet essai collectif, accessible à un public moins économiquement informé, très documenté, résulte très largement des cours et des travaux de recherches dispensés sous l’égide de Philippe Aghion au Collège de France.
Sa thèse centrale vise à éclairer le pouvoir de la destruction créatrice identifiée par Schumpeter et celle de la transformation du capitalisme pour « les orienter vers une prospérité plus durable et mieux partagée ». Les auteurs valident scientifiquement l’intuition Schumpeterienne et ils l’approfondissent : la destruction créatrice est bien ce processus par lequel de nouvelles innovations se produisent continuellement et rendent les technologies existantes obsolètes, de nouvelles entreprises venant constamment concurrencer celles en place, de nouveaux emplois et activités étant créés et sans cesse remplacées celles existantes.
Il montre, et la crise pandémique que nous vivons renforce la démonstration que, plutôt que de vouloir « dépasser » le capitalisme il faut chercher à mieux le réguler.
Pour les auteurs, changer radicalement de système économique alors que malgré ses effets pervers (inégalités, destructions d’emplois, etc. ) le capitalisme « a hissé nos sociétés à des niveaux de prospérité inimaginables en à peine deux cents ans !! », n’est pas la bonne option… Car le pouvoir du capitalisme via cette destruction créatrice est dans sa capacité formidable à créer de la croissance.
« … Le défi est alors de mieux appréhender les ressorts de ce pouvoir pour l’orienter dans la direction souhaitable… vers une croissance plus verte et plus juste ». Comment minimiser les effets potentiellement négatifs du système ? Comment éviter que les innovateurs d’hier ne se transforment en rentiers conservateurs ? Quelles forces utiliser et quelle place pour l’État dans ce défi ?
Le grand intérêt de ce remarquable ouvrage est d’apporter des réponses concrètes à nombre de ces questions à travers l’élaboration d’un nouveau paradigme « …pour poursuivre et amplifier la quête de richesse des Nations…. »
Pour tous publics. Cette parution marquera sans aucun doute de son empreinte 2020.
Philippe AGHION est professeur au Collège de France. Céline ANTONIN économiste à l’OFCE, maitre de conférences à Sciences Po. Simon BUNEL, économiste à la Banque de France.