La solidité économique du Chili permet au nouveau Président, M. Sébastian PINERA, d’affirmer la volonté de faire du chili une plateforme économique régionale. Membre de l’OCDE, le Chili dispose d’une économie libérale et marquée par le multilatéralisme.
Considérée comme l’une des plus développées des grands pays d’Amérique latine (PIB de 259 Milliards USD en 2017 derrière le Brésil, le Mexique, l’Argentine et au même niveau que la Colombie, le Chili voit ses indicateurs macroéconomiques virer durablement au vert.
Son PIB par habitant est le plus élevé de la région andine. Il est de plus de 14.000 USD (le double de la Colombie et du Pérou). Le Chili est porté par une évolution très favorable des termes de l’échange depuis le début des années 2000. Il a enregistré des performances importantes ces dernières années, avec 4,9% de croissance en moyenne sur la période 2000-2013, supérieures à la moyenne latino-américaine.
Si la croissance s’était ralentie entre 2014 et 2016 pour avoisiner 2% après un ajustement du prix du cuivre (qui représente la moitié de ses exportations), le FMI a annoncé une croissance de 1,7% en 2017 avant un rebond plus net de 3% en 2018 et 3,2% en 2019.
Cette réalité offre au Président PINERA et à ses ministres du pôle économique, parmi lesquels l’excellent Ministre de l’économie et des finances, M. Felipe LARRAIN, l’opportunité de s’inscrire dans la durée et d’offrir à ses partenaires le schéma d’une plateforme régionale.
Le Chili est un pays très marqué par une approche multilatérale. Marché latino-américain et nord américain, Asie-Pacifique, Europe sont les zones habituelles de ses exportations.
Son ouverture commerciale le distingue dans la région, situation renforcée par un climat des affaires attractif et une gestion saine de ses finances publiques. Malgré un creusement du déficit public ces dernières années (-2,9% en 2016), les finances publiques demeurent saines. La dette publique chilienne a atteint 24 % du PIB en 2016 (restant la plus faible du continent latino-américain).
Cette position est consolidée par les avoirs accumulés dans les fonds souverains (fonds de stabilisation alimenté par les recettes du cuivre, et modèle chilien de retraite par capitalisation représentant 95% du PIB). La dette extérieure brute du Chili a atteint 65% du PIB en 2017 . Elle reste largement dominée par la dette des agents privés et des entreprises ( au ¾). Les pressions inflationnistes de 2014 et 2015 se sont atténuées en 2016 (hausse de 2,7%) et 2017 (2,5%) avec une anticipation de 2,4% en 2018.
Sur le plan structurel, le Chili fait face au défi de diversifier ses exportations (le secteur minier capte encore plus de la moitié des IDE). Le taux d’investissement total se situait en moyenne autour de 24% du PIB entre 2011 et 2015, mais autour de 18% en excluant le secteur minier, un chiffre encore peu élevé pour un pays émergent.
La solidité de la position extérieure du Chili est reflétée par sa notation souveraine, AA3 par Moody’s, A+ par S&P et A par Fitch, la plus élevée en Amérique latine. Il jouit également de l’un des plus bas taux de pauvreté du sous-continent (8,9%). Cependant, il reste encore le pays de l’OCDE le plus inégalitaire.
L’économie chilienne est très ouverte aux marchés extérieurs. La part asiatique et Pacifique se taille la part du lion : l’APEC, (Etats-Unis inclus), représentent 69% de ses exportations. 28,5% se font avec la Chine, 8,5% vers le Japon et 6,9% vers la Corée du sud. L’Union européenne représente 12,6% de ses débouchés.
Le Chili est marqué par sa position favorable à la défense du multilatéralisme. Il a signé 26 accords de libre-échange avec 64 économies (représentant 85% du PIB mondial). Il a par exemple, conclu, avec l’Union européenne à partir de 2002, un accord d’association en Amérique latine qui a permis le doublement des échanges entre les deux blocs.
L’Union européenne et le Chili sont convenus de le moderniser en 2018 (1er round de négociation engagé en Janvier dernier).
Autre champ d’action privilégié par le Chili, l’Alliance du Pacifique. Elle regroupe 4 pays latino-américains de la façade pacifique (Chili, Pérou, Colombie et Mexique représentant 40% du PIB du sous-continent). La France en est membre observateur. Cette Alliance a pour objectif, un projet d’intégration régionale incluant la libre circulation des personnes et l’harmonisation réglementaire. Après le retrait des Etats-Unis, le Chili a souhaité réaffirmer l’importance du maintien du Partenariat Transpacifique (TPP 11) dont il a été un des trois membres fondateurs du traité dès 2002.
Sur le plan bilatéral, la France est le 10éme investisseur étranger. Le stock d’investissements directs est de 3,3 milliards € à fin 2016 (supérieur à la Colombie) et indirects d’environ 8 milliards €. Les trois quarts des entreprises du CAC 40 y ont une présence significative au Chili. 240 filiales d’entreprises françaises (troisième position régionale et seconde en Amérique du sud derrière le Brésil) étaient présentes au Chili en 2017 (contre 160 en 2010, soit une progression de plus de 50% en sept ans). Ces filiales ont réalisé en 2016 un chiffre d’affaires d’environ 5,5 milliards d’€ (dont 1 Md € pour Engie) et employaient près de 48.000 personnes (dont 19.000 pour Sodexo, 1er employeur français du pays). 2éme marché d’exportation de la France en Amérique du sud (975 M€ en 2017 en hausse de 37% par rapport à 2016) derrière le Brésil et devant l’Argentine et la Colombie, le Chili est un pays où les entreprises françaises investissent : par exemple Engie (1er marché d’investissement en Amérique latine avec près de 3 milliards USD d’IDE), EDF (1 milliard de stock, second marché d’investissements dans la zone après le Brésil), ADP-Vinci Airport (investissements actuels et à venir de 1 milliard USD dans la concession de l’aéroport de Santiago), Total Solaire (plus de 500 M€), mais aussi Air Liquide (4 unités de production au Chili), Airbus Hélicopters (centre d’assemblage et de maintenance pour le cône sud), L’Oréal (une unité de production), Lactalis (rachat de 4 unités de production de fromages début 2017 pour 100 MUSD) y développent leurs activités.
Plus que jamais, l’ambition du Chili visant à devenir une plateforme régionale est possible. La France peut jouer un rôle important et à travers elle, implanter l’espace francophone dans un pays qui ne cesse de développer ses partenariats internationaux.