L’Alliance du Pacifique rassemble les principales économies latino-américaines. Regroupant le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique, cette communauté économique ne cesse de se développer depuis sa création le 28 Avril 2011 dans le cadre de l’Accord du Pacifique, établi au Pérou. L’Argentine et l’Equateur sont désormais membres observateurs au même titre que la France , l’Allemagne, l’Amérique du Nord, la Turquie, la Chine ou l’Inde.
Cela signifie que se joue là aussi, un positionnement économique important, permettant non seulement de développer et renforcer une présence sur un continent qui est très attendu en 2018 mais aussi vers le Pacifique.
Pour la France, il s’agit de marquer une présence économique auprès des membres fondateurs de cette Alliance, qui disposent de fonds souverains et d’une volonté d’intégration économique.
L’élection en Décembre 2017, de M. Sébastien Pinera à la Présidence de la République du Chili renforce à terme cette logique : le plan stratégique d’infrastructures porte autant sur le développement interne que sur l’ouverture de nouvelles perspectives notamment dans la fibre optique, les communications terrestres (routes, le ferroviaire). Dans le courant de l’année, les élections présidentielles en Colombie mais également au Mexique permettront de donner une nouvelle impulsion politique au projet économique de l’ensemble.
En effet, l’Alliance du Pacifique a pour objectif d’approfondir l’intégration des économies des pays membres et de renforcer la relation avec le Pacifique sur la base d’accords commerciaux bilatéraux. Selon la Déclaration de Lima, l’objectif de cette coopération est d’encourager l’intégration régionale, au service de la croissance, du développement et de la compétitivité des économies concernées afin de créer une zone de libre échange par la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.
L’Alliance du Pacifique constitue la seconde grande structure d’intégration d’Amérique latine, aux côtés du Mercosur. Consolidation de l’espace économique, renforcement de la logique d’intégration et recherche de nouveaux espaces économiques et d’exportations ont constitué ces dernières années les priorités de l’alliance du Pacifique.
2018 va offrir l’opportunité de s’engager dans un dialogue avec le Mercosur. L’Argentine que préside M. Mauricio Macri, qui a fait une grande partie de sa carrière dans le privé, est un signe fort. Le Brésil, au lendemain des prochaines élections présidentielles , pourrait s’inscrire dans cette logique et donner ainsi le signal d’un retour par la voie économique sur le continent latino-américain. Le Chili s’investit en Amérique latine mais regarde aussi d’autres destinations vers le Pacifique, notamment la Polynésie française qui est elle même à la recherche de relations avec ce pays d’Amérique du sud.
Cette ligne stratégique économique n’est pas anecdotique : elle constitue pour ce continent le moyen d’exister par lui-même à l’heure où de nouveaux partenaires marquent leur intérêt et présence : la Chine bien entendu qui occupe une position désormais leader en terme d’investissements et de part de marchés export, notamment au Brésil, en Colombie, au Pérou.
La Turquie a marqué sa volonté de nouer des liens commerciaux avec les pays latino-américains. La visite historique du Président Recep Erdogan au Chili et au Pérou (en plus de l’Equateur) en Janvier 2016, avec une délégation d’une centaine d’entrepreneurs, n’est pas passée inaperçue.
La France, et avec elle, l’espace francophone a un rôle à jouer. Le savoir faire notamment dans le domaine des infrastructures, adossé au secteur des travaux publics, l’excellence dans le domaine des technologies de pointe (défense, air, espace, numérique) et les services, constituent autant d’atouts dans un environnement concurrentiel mais ouvert aux initiatives nouvelles. L’Alliance du Pacifique représente un marché de près de 200 millions d’habitants tandis que les Etats membres constituent 55 % des exportations latino-américaines.
Elles représentent 35 % du PIB de l’Amérique latine. Les deux seuls pays latino-américains membres de l’OCDE, le Mexique et le Chili, font partie de l’Alliance du Pacifique. La Colombie est très engagée dans le processus d’adhésion.
Autant dire que le positionnement économique de ces pays va se consolider sur la scène internationale, leur procurant d’autant plus de force en Amérique latine. Si le Mercosur (qui regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et le Vénézuéla (actuellement suspendu) est apparu depuis sa création en 1991 comme une initiative dynamique, la donne a changé depuis quelques années.
Les alternances politiques en Argentine, au Brésil, et dernièrement au Chili, ouvrent une porte à une approche plus pragmatique, favorable au libre échange et donc, plus compatible avec les objectifs de l’Alliance du Pacifique. Ceci étant, l’idée d’une fusion reste à ce jour, lointaine et hypothétique tant l’approche en faveur du libre échange est avancée avec les économies de l’Alliance du Pacifique par rapport à celles du Mercosur.
Ouvrir et garantir de nouveaux marchés pour les économies de l’Alliance du Pacifique est une priorité notamment dans le cadre de l’accord transpacifique qui a été mis à mal en 2017 par les Etats-Unis. Le resserrement des liens notamment avec la Chine et la Corée du Sud est une conséquence de cette situation, tandis que la relation avec l’Union européenne peut bénéficier d’une nouvelle dynamique grâce aux perspectives positives de l’Alliance du Pacifique.
Source : Alliance du Pacifique