Tendances économiques

Mohammed VI ou la monarchie visionnaire

Le Maroc a la chance d’avoir une monarchie visionnaire

INTERVIEW par le FFA de Charles Saint Prot,

Directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques,

auteur, en collaboration avec Zeina el Tibi, de  :

« Mohammed VI ou la monarchie visionnaire » (éditions du Cerf)

Le Maroc célèbre en 2019 le vingtième anniversaire du  règne de Mohammed VI. Quelles sont les grandes lignes de ces vingt premières années ?

 Il y a des réalisations incontestables sur tous les plans : économiques,

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Langue française

Dispendieux et somptuaire

 

 

Dispendieux se répand comme une traînée de poudre. Pourquoi utilise-t-on un tel adjectif ? Tout simplement parce qu’il fait chic, et semble par sa forme évoquer le luxe : un train de vie dispendieux, des repas, des plaisirs dispendieux. C’est le type même de mot savant, que l’on croit noble et qui est seulement cuistre. On l’a calqué au XVe siècle sur le latin dispendiosus, issu du nom dispendium  « la dépense », dérivé du verbe dispendere « dépenser ». Signifiant « qui occasionne de grands frais », il est synonyme de cher, onéreux, coûteux, voire ruineux, que l’on doit largement lui préférer.

Ce snobisme lexical est d’autant plus regrettable quand il est erroné. Un bon exemple en est l’adjectif somptuaire que l’on entend également beaucoup : une dépense somptuaire. Un tel emploi est un pléonasme.

Car somptuaire et un terme de droit qui signifie « relatif à la dépense luxueuse ». On parle seulement de loi, d’impôts ou de taxes somptuaires. Le terme a été calqué au XVIe siècle sur le latin juridique sumptuaria, de sumptus « la dépense, le frais ». Il s’agit à l’évidence d’une confusion fâcheuse avec somptueux, emprunté au latin sumptuosus, autre dérivé de sumptus. Somptueux signifie « qui résulte de grandes dépenses » : un luxe, un décor, un repas somptueux.

Négligez dispendieux et somptuaire, au profit de coûteux, onéreux, fastueux, luxueux, somptueux, magnifique, splendide, superbe. Vous pourrez, sans craindre le ridicule, varier votre vocabulaire, – à peu de frais.

 

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Langue française

Alternative


Trop souvent, dans les affaires, en politique, nous entendons cette phrase rituelle : « il n’est pas d’autre alternative ». Outre qu’elle constitue un discutable argument d’autorité, elle manifeste une singulière et tout aussi regrettable faute de français.

Qu’est-ce en effet qu’une alternative ? Ce mot, comme toute sa famille (alternatif, alternance, alterner) vient du latin alternus qui signifiait « un sur deux », lui-même dérivé de alter « autre ». Une alternative est une situation qui offre deux possibilités, et seulement celles-ci.

Émile Littré, dans son dictionnaire, a fort bien décrit les choses : il n’y a jamais qu’une alternative, écrit-il, composée de deux éléments entre lesquels il faut se décider. On vous proposera donc une alternative ; vous choisirez dans cette alternative.

En d’autres termes, vous ne pouvez pas dire : « je ne vois qu’une alternative, nous devons accepter ». De même il est incorrect de déclarer : « il n’y a que deux alternatives, accepter ou refuser ».

C’est clair, ou du moins c’était clair jusqu’au XXe siècle. Sous l’influence de l’anglais alternative, qui signifie « solution, possibilité », le mot français a pris cette signification. L’on rencontre désormais alternative au pluriel et désignant des options. Marcel Proust lui-même écrit : « Il y a ainsi certains états moraux, et notamment l’inquiétude, qui ne nous présentent que deux alternatives ».

Cet anglicisme est fâcheux, car il fait disparaître un sémantisme utile.  Le français a besoin d’un terme pour désigner une situation présentant deux solutions. On peut certes dire un couple d’options, une double possibilité. Mais on peut et doit également utiliser alternative au sens propre. Revenons hardiment à ce bel emploi ! Par ailleurs, pourquoi pas ne pas redonner vie au délicieux dilemme ?

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Langue française

Coupe sombre, coupe claire


 Le monde des affaires connaît parfois, malheureusement, des coupes sombres, dans les budgets, voire, hélas, dans le personnel. Leur noirceur n’est pas sans inquiéter ; mais sont-elles plus brutales que les coupes claires ?

Le mot coupe désigne, entre autres, « l’action d’abattre des arbres dans une forêt » : on pratique une coupe. Si celle-ci est effectuée dans les règles et sur une portion de bois déterminée, c’est une coupe réglée. D’où l’expression mettre en coupe réglée, c’est-à-dire tirer parti de façon répétée, et un peu abusive, de quelque chose ou de quelqu’un.

La coupe d’ensemencement ne porte que sur quelques arbres ; elle est faible, destinée à favoriser l’ensemencement naturel. Elle laisse la forêt dans une relative obscurité ; on parle alors de coupe sombre.

En revanche si l’on abat un grand nombre d’arbres, produisant une large arrivée de lumière dans le bois, les forestiers parlent de coupe claire.

C’est donc cette dernière qui est sévère, et que l’on devrait utiliser par image dans un discours volontariste : annoncer des coupes claires dans le personnel d’une entreprise, ou dans son budget.

Le bon usage est donc paradoxal, qui semble utiliser les adjectifs sombre et clair à contre-emploi. Il n’empêche, la coupe sombre est bénigne, la coupe claire dévastatrice.

Afin de s’en souvenir : quand on pratique une coupe claire dans une forêt, on produit une clairière : un espace où ne s’élève plus aucun arbre.

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Langue française

Francophonie des affaires


On ne saura assez vanter le Vocabulaire francophone des affaires, préparé et publié conjointement par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (France) et l’Office québécois de la langue française. Téléchargeable sur leurs sites, il montre la vitalité, la précision et la variété du français dans un domaine que l’on croit bien à tort livré à la langue anglaise.

Qu’est-ce que l’affacturage ? L’opération de gestion financière par laquelle, dans le cadre d’une convention, une entreprise gère les comptes clients d’entreprises en acquérant leurs titres, etc. Voilà un bon correspond à l’anglais factoring.

On ne confond pas économie circulaire (recourant à des modes de production, de consommation et d’échanges fondés sur l’écoconception, la réparation, etc.) et l’économie verte (caractérisée par des investissements et des techniques qui évitent ou réduisent les pollutions, etc.).

De même, le marché à terme (sur lequel des transactions donnent lieur à paiement, livraison, etc. à une échéance ultérieure) se distingue du marché au comptant (où le paiement et la livraison ne sont pas différés).

Cet ouvrage donne une bonne idée de l’envergure francophone.

La défaisance française se dit désendettement au Québec : il s’agit d’améliorer le bilan d’une entreprise en se défaisant d’actifs.

Et au lieu de l’anglais sponsor, on dit commanditaire au Québec, argentier au Maroc, parraineur en Belgique, mécène en France.

Nous poursuivrons cette lecture  enrichissante le mois prochain.

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