Après les fêtes et leurs dépenses de tous ordres, retour aux économies.
Garnissons notre tirelire.
Ah, qu’il est joli, ce mot ! Il semble issu d’une chanson : « Tirelire, tirelire, ding,
ding ». C’est sans doute le cas.
Le mot désigne, on le sait, un petit récipient de forme variée, souvent animale,
pourvu d’une fente par laquelle on introduit de la monnaie pour se constituer des
épargnes. Pas celle d’un Crésus, plutôt celles d’un enfant : quand on casse sa
tirelire, on y trouve essentiellement de la monnaie.
Le terme a connu des extensions métaphoriques populaires. Comme pour
cafetière ou fiole, sa forme en est venue à désigner la tête : on reçoit un coup sur
la tirelire. Pourvu d’une fente, il peut signifier le sexe féminin ; passons.
Désignant ce que l’on emplit avec bonheur, il devient synonyme de ventre ou
d’estomac : en avoir plein la tirelire.
Le mot est ancien, attesté dès le XIIIe siècle. À la même époque, tirelire est un
refrain de chansons (on trouve également turelure et lirelire) ; l’origine en est
évidemment onomatopéique. Ce que confirme l’emploi de tirelire pour désigner
le chant de l’alouette, ou bien une sorte de flûte campagnarde. Nous sommes
donc dans un registre musical, champêtre et léger.
Il faut donc penser que tirelire a été employé pour le récipient en raison du
tintement des pièces quand on l’agite : tirelire ! tirelire !
L’explication est charmante ; elle est sans doute vraie.
Espérons toutefois que nos économies ne s’envoleront pas, comme l’alouette, à
tire-d’aile.