Nul ne l’ignore. En français le participe passé conjugué avec le verbe avoir
s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct quand ce
dernier est antéposé au verbe.
Cette règle complexe, lié à un usage ancien, que l’on doit au poète Marot,
s’accompagne de plusieurs contraintes.
Le complément doit être antéposé ; il doit être direct (on n’accorde pas, par
exemple, les hommes qui se sont succédé, car on succède à quelqu’un) ; il
importe enfin qu’il s’agisse d’un vrai complément objectal.
Je m’explique. Certains verbes comme coûter, valoir, peser, durer, etc. peuvent
s’accompagner d’un complément de mesure, qu’il ne faut pas confondre avec un
complément d’objet direct. Ce complément de mesure n’entraîne pas l’accord en
genre et en nombre :
Cette réparation a coûté 1000 € : les 1000 € que cette réparation a coûté.
On dira de même : les 100 kilos qu’il a pesé à cette époque ; les 20 bonnes
minutes que cette discussion a duré ; la fortune que cette maison a valu
autrefois
Fort bien. Toutefois, certains de ces verbes peuvent s’accompagner d’un
véritable complément d’objet direct ; dans ce cas l’accord se fait tout
naturellement.
Ainsi, peser peut signifier « constater le poids » : on dira-t-on, avec accord, les
tomates que j’ai pesées. De même le verbe valoir quelque chose à quelqu’un a le
sens de « procurer » ; l’Académie française écrit justement : la gloire que cette
action lui a value. Coûter lui-même peut signifier « occasionner » ; dans ce cas
l’Académie accorde : les efforts que ce travail m’a coûtés.
Un peu subtil sans doute. Mais c’est tout le charme, discret, de l’accord français
du participe passé.