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Surbooké

Surbooké est un demi-péché ; c’est un péché lexical tout de même.

Les compagnies aériennes, les hôtels, parfois les théâtres ont coutume d’accepter des réservations au-delà du nombre de places réelles. Ils jouent sur de possibles ou probables défections ; mais c’est un jeu dangereux, conduit à notre préjudice.

 Il est rare en effet que l’on n’ait pas besoin de prendre précisément cet avion, et que l’on puisse accepter un dédommagement généreux ou un surclassement sur un autre vol.

Inventée aux États-Unis, cette pratique coupable s’est appelée là-bas overbooking, de over « au-delà » et to book « réserver ».

Curieusement le mot n’est pas passé tel quel en français, comme tant d’autres anglicismes. On relève en effet dans les années 60 surbooking, et 20 ans plus tard son dérivé verbal surbooker.

On peut y voir une heureuse acculturation française, puisque le préfixe anglais over a cédé la place au français sur. On sait combien ce dernier est productif : surbaisser et surhausser, surcharger, surélever et…surclasser, que j’ai tout naturellement utilisé plus haut.

Le mot est toutefois hybride, pour ne pas dire bâtard. ; c’est une moitié d’anglicisme. Il convient de lui préférer une formation totalement française, régulière et simple : surréservation et surréserver. Les deux termes sont ailleurs officiels en français depuis 1973, et l’emploi semble s’en répandre largement.

Cependant surbooké me paraît encore bien vivant dans la langue familière. Il désigne alors l’excès d’occupation : « Et non ça va pas être possible : je suis surbooké ».

Phénomène de mode, à l’évidence, qui ne nous empêchera pas d’être pris, débordés, suroccupés, surchargés, enfin surmenés.