La forme licencié cache deux origines différentes qui sont sémantiquement éloignées. On a ici un cas d’homonymie grammaticale.
D’une part, l’adjectif licencié, emprunté (vers 1349) au latin médiéval juridique licenciatus « auquel a été accordée l’autorisation d’enseigner ». Ce sens correspond à la spécialisation de licence, mot issu de licentia « faculté, pouvoir de faire librement », dans le domaine de l’enseignement universitaire « Licence ès-lettres »). Mais on peut encore dire : « Avoir toute licence de faire quelque chose »
L’adjectif a connu deux sens techniques. Le premier relève du droit commercial (« Licence d’importation »), l’autre du domaine sportif (1919) : « Licencié de la fédération française de football ». Le substantif est très bien attesté en ce sens : « Prendre sa licence ».
Il ne faut pas confondre cette forme avec le participe passé du verbe licencier emprunté (vers 1360) au latin médiéval licentiare qui signifie « congédier, remercier ».
D’abord réservé à la disgrâce de grands personnages puis aux domestiques (1565), le terme a étendu considérablement son champ au XXe siècle. Il est devenu un mot omniprésent dans la sphère publique, notamment aux moments de poussées du chômage.
Les noms d’action se sont spécialisés dans l’une ou l’autre acception. Si licenciement désigne dès l’origine le renvoi (militaire puis professionnel), le mot technique licenciation est apparu pour désigner l’opération de délivrance d’une licence (à un utilisateur ou une société).
La baisse du chômage éloigne davantage les deux termes. Aujourd’hui un licencié risque moins de le devenir.