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Avocat

Il est deux avocats en français : l’homme et le fruit. Curieusement, les homonymes qui les désignent ne sont pas totalement sans rapport.

Le participe passé latin advocatus, de advocare « appeler, convoquer », avait un sens juridique. Il désignait une personne habilitée à en assister une autre en justice. Advocatus a donné phonétiquement en français avoué, et par calque avocat. Jusqu’au XIXe siècle, le mot exprime seulement l’idée latine d’assistance. C’est à l’époque moderne que la notion de défense est devenue centrale et unique. De nos jours, l’avocat puis l’avocate (au XIXe siècle) est la personne qui nous défend.

Les associations de ce mot sont techniques : avocat conseil, avocat d’affaires, etc. Deux sont particulières. Tout d’abord l‘avocat général, qui parle au nom du ministère public ; il défend l’intérêt général mais est de fait accusateur. Un autre défend l’indéfendable : c’est l‘avocat du diable. Il désigne celui qui est chargé de contester un dossier de canonisation ; au figuré celui qui défend une cause mauvaise, par jeu ou dans un but d’argumentation.

Bien loin de là, les Aztèques nommaient ouacatl, un fruit exotique de forme voisine de la poire et à la consistance beurrée. Les colons espagnols ont d’abord entendu aguacate. Puis, par rapprochement de pure forme avec abogado, qui désigne dans leur langue l’avocat au sens juridique, ils ont formé abogado puis avocado. À la fin du XVIIe siècle le français emprunte le terme, d’abord sous la forme avocate puis avocat, masculin qui s’est imposé.

L’homme aux effets de manche s’est donc mêlé, furtivement, à l’histoire du fruit, mais par simple homophonie.

Pour le reste, tout les distingue. Au tribunal, l’avocat a précédé l’avocate ; sur les étalages, c’est le contraire. Et ne confondons pas l’avocatier, qui porte des fruits, et l’avocassier, lequel porte plainte.