Ne craignons pas d’être un peu puriste. À bon escient du moins.
Je n’aime pas que l’on confonde emprunt et empreint. Une cérémonie n’est pas emprunte d’une grande émotion ; elle en est empreinte.
D’autant plus que le participe passé emprunt, emprunte n’existe pas. Le verbe emprunter, « obtenir à titre de prêt, pour un usage momentané » a pour participe emprunté et pour déverbal le substantif masculin emprunt. Au Forum francophone des Affaires, on ne l’ignore pas.
Il s’agit ici du verbe empreindre, issu du latin imprimere, sur lequel, par ailleurs, on a calqué le verbe imprimer. Imprimere signifiait « appuyer sur » ; il a donné phonétiquement empreindre, qui signifiait dès l’ancienne langue, « marquer par pression » : empreindre des pas sur la neige.
D’où le sens figuré, plus fréquent : « apporter une marque, un trait à quelque chose ». Empreindre s’emploie à l’actif : on empreint un poème de mélancolie ; au passif : cette cérémonie est empreinte de dignité ; voire avec un pronominal de sens passif : cette rencontre s’empreint d’émotion.
Il est une circonstance atténuante à une telle confusion. En France, les locuteurs de moins de trente ans ne distinguent plus / un / et / in /, qu’ils prononcent tous deux /in / : dans « un brin d’herbe brun », ils ne font pas de différence. Par suite, ils tendent à confondre phonétiquement emprunt et empreint, emprunte et empreinte.
Prenons acte de cette évolution, phonétique que l’on peut regretter, mais rappelons ce fait incontestable : il s’agit du participe passé empreint, empreinte du verbe empreindre.
J’emprunte un ton solennel pour empreindre de solennité cette mise en garde.