Ne craignons pas d’être un peu puriste ; à bon escient du moins. Je n’aime pas, mais alors pas du tout, l’emploi actuel du verbe finaliser : « L’accord a été finalisé », c’est-à-dire qu’il a été bouclé et conclu.
Le verbe finaliser est apparu au début du XXe siècle, dans la langue philosophique. Il est formé sur le mot fin, au sens de but. C’est la signification que l’on rencontre dans : parvenir à ses fins, afin que et la fin justifie les moyens. Finaliser signifie donc : « assigner un but ». On peut dire, par exemple, que la vie humaine est finalisée par la recherche du bien public, l’angoisse de la mort, ou autre. On finalise un projet, une politique, un mécanisme. D’où les emplois techniques : la finalisation d’un dispositif. Logiciel finalisé pourrait à mes yeux remplacer avantageusement le très mauvais logiciel dédié.
Que s’est-il passé ? Le verbe anglais to finalize, quant à lui, est formé sur final « final » ; il signifie « mettre au point, achever ». À l’évidence cette signification contamine actuellement le verbe français.
On va me dire que finaliser n’est plus rattaché à fin mais désormais à final et qu’il n’y a pas de quoi s’émouvoir. Je n’en démords cependant pas, et refuse cet anglicisme. Les mots ne manquent pas en français : on boucle une affaire, on met au point un dossier, on met la dernière main à un texte. En revanche la langue française a besoin d’un verbe signifiant que l’on donne du sens à une action : on la finalise.