Le verbe latin resilire était formé du préfixe re-, « en arrière » et de salire, « sauter ». Il signifiait « sauter en arrière, rebondir ». Resilire eut en français une double postérité. D’un côté la résiliation, de l’autre la résilience ; ne les confondons pas.
En latin juridique, resilire avait pris le sens de « renoncer ». A la Renaissance, le français des juristes en a fait le verbe résilier, qui signifie « mettre fin à un contrat, une convention ». D’où la résiliation, et l’adjectif résiliable.
Par ailleurs, au XVIIe siècle, la langue anglaise, sur le participe présent latin resiliens, « bondissant », a fait l’adjectif resilient, de même sens, puis qui s’est dit d’un métal présentant une résistance au choc. Le substantif dérivé, resilience, a désigné la résistance aux chocs d’un matériau. Ils sont passés en français au début du XXe siècle. Nos résilient et résilience sont donc des anglicismes !
On les a employés longtemps en physique des matériaux. Ils y désignent proprement la capacité à revenir à sa forme antérieure, après une pression, un choc : on parle d’un coefficient de résilience.
C’est dans cet emploi que, dans les années 1990, Boris Cyrulnik a importé le terme en psychologie, pour désigner la capacité d’un être à surmonter les chocs traumatiques de sa psyché. Par extension, résilience se dit de la force morale d’une personne qui ne se décourage pas. Par exemple : « Dans ce deuil, elle a su faire preuve d’une grande résilience ».
Mais n’oublions pas le sens propre : la résilience, c’est la capacité de se reconstruire, que l’on soit un matériau ou un humain, de revenir à sa forme antérieure. On parle beaucoup de résilience, actuellement. Mais après cette pandémie, doublée d’une récession, serons-nous vraiment comme avant ? Evoquer notre résilience ne manque pas de courage, – mais fait preuve d’un grand optimisme.