Ne craignons pas d’être un peu puriste ; à bon escient du moins.
Je n’aime pas, mais alors pas du tout, que l’on confonde l’acquis (avec s final) et l’acquit (avec t final).
Le premier est le participe passé du verbe acquérir, qui signifie « se procurer ». Ce participe passé est vivant depuis le début de la langue : il a acquis une célébrité, il est acquis à la cause royale, etc. Le substantif acquis apparaît au XVIIe siècle, dans la langue philosophique ; il désigne alors le fruit de l’expérience. Comme on le sait, l’acquis s’oppose au naturel et plus précisément à l’inné ; il renvoie à des qualités, à des connaissances inexistantes au moment de la naissance. C’est la querelle, ou la dialectique, de l’inné et de l’acquis.
Le second prend un t final, car il provient du verbe acquitter. Ce très vieux verbe avait d’abord le sens général de « libérer » quelqu’un ou un pays ; il a pris ensuite la signification plus restreinte de « libérer d’une dette ». D’où acquitter une dépense et s’acquitter d’un impôt ou d’une tâche. C’est au XIXe siècle que ce verbe a signifié « affranchir quelqu’un, en le déclarant non coupable ». Le déverbal acquit renvoie au sens ancien d’acquitter ; il est synonyme de quittance. Effectuant un règlement, vous faites précéder votre signature de l’expression pour acquit. La langue usuelle garde un l’emploi figuré de ce terme, désignant un acte fait sans conviction, afin de se délier de ses scrupules : par acquit de conscience.
Les deux termes renvoient à des domaines fort différents. Leur distinction, j’espère, est désormais acquise.