Dispendieux se répand comme une traînée de poudre. Pourquoi utilise-t-on un tel adjectif ? Tout simplement parce qu’il fait chic, et semble par sa forme évoquer le luxe : un train de vie dispendieux, des repas, des plaisirs dispendieux. C’est le type même de mot savant, que l’on croit noble et qui est seulement cuistre. On l’a calqué au XVe siècle sur le latin dispendiosus, issu du nom dispendium « la dépense », dérivé du verbe dispendere « dépenser ». Signifiant « qui occasionne de grands frais », il est synonyme de cher, onéreux, coûteux, voire ruineux, que l’on doit largement lui préférer.
Ce snobisme lexical est d’autant plus regrettable quand il est erroné. Un bon exemple en est l’adjectif somptuaire que l’on entend également beaucoup : une dépense somptuaire. Un tel emploi est un pléonasme.
Car somptuaire et un terme de droit qui signifie « relatif à la dépense luxueuse ». On parle seulement de loi, d’impôts ou de taxes somptuaires. Le terme a été calqué au XVIe siècle sur le latin juridique sumptuaria, de sumptus « la dépense, le frais ». Il s’agit à l’évidence d’une confusion fâcheuse avec somptueux, emprunté au latin sumptuosus, autre dérivé de sumptus. Somptueux signifie « qui résulte de grandes dépenses » : un luxe, un décor, un repas somptueux.
Négligez dispendieux et somptuaire, au profit de coûteux, onéreux, fastueux, luxueux, somptueux, magnifique, splendide, superbe. Vous pourrez, sans craindre le ridicule, varier votre vocabulaire, – à peu de frais.