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Portefeuille


 La langue française fabrique aisément des substantifs à l’aide du verbe porter à la troisième personne, suivi d’un complément. Le grand dictionnaire Trésor de la langue française en contient plus de 200 : porte-aiguille, porte-allumettes, porte-amarre, porte-avions, porte-bagages, etc. Et le processus est productif : j’invente à l’instant un porte-DVD.

Cela est d’un grand secours pour la langue technique, qui doit innover à tout instant afin de désigner les objets nouveaux.

Ce processus néologique, qu’il convient d’encourager, est néanmoins marqué de plusieurs difficultés.

Entre autres, un problème de graphie.  Faut-il écrire ces termes en deux mots que sépare un tiret, ou en un seul ?  L’histoire de la langue est claire à ce sujet. Quand on fabrique un tel nom, on commence par le laisser en deux parties, dont on sent encore l’autonomie. Puis, quand le terme est entré dans la langue, quand sa formation n’est plus perçue, on le soude.

C’est ce que ce qui est arrivé à portefaix  (le porteur de fardeau), à portemanteau. Le portemine, inventé au début du XXe siècle, a été rapidement écrit en une seule forme.

C’est enfin ce qui s’est passé pour portefeuille. Mais alors, pourquoi ne pas souder également porte-monnaie ? Pourquoi diable ces deux objets de fonction voisine, qu’ils soient réels ou désormais numériques, devraient-ils s’écrire différemment ?

Simplifions.  Rendons ce processus néologique des plus simples. Pourquoi ne pas les souder tous ? Je me fais le porteparole, le portevoix et le portétendard de cette réforme.