Point de vue des économistes

Argentine : défis et enjeux de la nouvelle ouverture économique

Introduction

Le 10 décembre 2015, M. Mauricio Macri, ancien maire de Buenos Aires,  a officiellement pris ses fonctions de Président de la République argentine, succédant ainsi à 7 années de présidence de Mme Cristina Fernández de Kirchner.

Mauricio Macri accède à la tête de la troisième économie d’Amérique latine isolée des marchés internationaux de capitaux, ravagée par une inflation de plus de 20% et avec un taux de change du peso surévalué.

1) L’alternance et une nouvelle voie économique

C’est la première fois dans l’histoire de la démocratie argentine que le président élu n’est ni péroniste,

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Point de vue des économistes

L’Alliance du Pacifique : vers nouveaux horizons économiques internationaux

L’Alliance du Pacifique rassemble les principales économies latino-américaines. Regroupant le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique, cette communauté économique ne cesse de se développer depuis sa création le 28 Avril 2011 dans le cadre de l’Accord du Pacifique, établi au Pérou. L’Argentine et l’Equateur sont désormais membres observateurs au même titre que la France , l’Allemagne, l’Amérique du Nord, la Turquie, la Chine ou l’Inde.

Cela signifie que se joue là aussi, un positionnement économique important, permettant non seulement de développer et renforcer une présence sur un continent qui est très attendu en 2018 mais aussi vers le Pacifique.

Pour la France, il s’agit de marquer une présence économique auprès des membres fondateurs de cette Alliance, qui disposent de fonds souverains et d’une volonté d’intégration économique.

L’élection en Décembre 2017, de M. Sébastien Pinera à la Présidence de la République du Chili renforce à terme cette logique : le plan stratégique d’infrastructures porte autant sur le développement interne que sur l’ouverture de nouvelles perspectives notamment dans la fibre optique, les communications terrestres (routes, le ferroviaire). Dans le courant de l’année, les élections présidentielles en Colombie mais également au Mexique permettront de donner une nouvelle impulsion politique au projet économique de l’ensemble.

En effet, l’Alliance du Pacifique a pour objectif d’approfondir l’intégration des économies des pays membres et de renforcer la relation avec le Pacifique sur la base d’accords commerciaux bilatéraux. Selon la Déclaration de Lima, l’objectif de cette coopération est d’encourager l’intégration régionale, au service de la croissance, du développement et de la  compétitivité des économies concernées afin de créer une zone de libre échange par la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes.

L’Alliance du Pacifique constitue la seconde grande structure d’intégration d’Amérique latine, aux côtés du Mercosur. Consolidation de l’espace économique, renforcement de la logique d’intégration et recherche de nouveaux espaces économiques et d’exportations ont constitué ces dernières années les priorités de l’alliance du Pacifique.

2018 va offrir l’opportunité de s’engager dans un dialogue avec le Mercosur. L’Argentine que préside M. Mauricio Macri, qui a fait une grande partie de sa carrière dans le privé, est un signe fort. Le Brésil, au lendemain des prochaines élections présidentielles , pourrait s’inscrire dans cette logique et donner ainsi le signal d’un retour par la voie économique sur le continent latino-américain. Le Chili s’investit en Amérique latine mais regarde aussi d’autres destinations vers le Pacifique, notamment la Polynésie française qui est elle même à la recherche de relations avec ce pays d’Amérique du sud.

Cette ligne stratégique économique n’est pas anecdotique : elle constitue pour ce continent le moyen d’exister par lui-même à l’heure où de nouveaux partenaires marquent leur intérêt et présence : la Chine bien entendu qui occupe une position désormais leader en terme d’investissements et de part de marchés export, notamment au Brésil, en Colombie, au Pérou.

La Turquie a marqué sa volonté de nouer des liens commerciaux avec les pays latino-américains. La visite historique du Président Recep Erdogan au Chili et au Pérou (en plus de l’Equateur) en Janvier 2016, avec une délégation d’une centaine d’entrepreneurs, n’est pas passée inaperçue.

La France, et avec elle, l’espace francophone a un rôle à jouer. Le savoir faire notamment dans le domaine des infrastructures, adossé au secteur des travaux publics, l’excellence dans le domaine des technologies de pointe (défense, air, espace, numérique) et les services, constituent autant d’atouts dans un environnement concurrentiel mais ouvert aux initiatives nouvelles. L’Alliance du Pacifique représente un marché de près de 200 millions d’habitants tandis que les Etats membres constituent 55 % des exportations latino-américaines.

Elles représentent 35 % du PIB de l’Amérique latine. Les deux seuls pays latino-américains membres de l’OCDE, le Mexique et le Chili, font partie de l’Alliance du Pacifique. La Colombie est très engagée dans le processus d’adhésion.

Autant dire que le positionnement économique de ces pays va se consolider sur la scène internationale, leur procurant d’autant plus de force en Amérique latine. Si le Mercosur (qui regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et le Vénézuéla (actuellement suspendu) est apparu depuis sa création en 1991 comme une initiative dynamique, la donne a changé depuis quelques années.

Les alternances politiques en Argentine, au Brésil, et dernièrement au Chili, ouvrent une porte à une approche plus pragmatique, favorable au libre échange et donc, plus compatible avec les objectifs de l’Alliance du Pacifique. Ceci étant, l’idée d’une fusion reste à ce jour, lointaine et hypothétique tant l’approche en faveur du libre échange est avancée avec les économies de l’Alliance du Pacifique par rapport à celles du Mercosur.

Ouvrir et garantir de nouveaux marchés pour les économies de l’Alliance du Pacifique est une priorité notamment dans le cadre de l’accord transpacifique qui a été mis à mal en 2017 par les Etats-Unis. Le resserrement des liens notamment avec la Chine et la Corée du Sud est une conséquence de cette situation, tandis que la relation avec l’Union européenne peut bénéficier d’une nouvelle dynamique grâce aux perspectives positives de l’Alliance du Pacifique.

Source : Alliance du Pacifique

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L’Afrique : vers le retour de nouvelles perspectives économiques

Le XXIème siècle doit être celui de l’Afrique. Une croissance démographique qui conduit à un doublement de la population du continent d’ici 2050, des besoins exponentiels afin de répondre aux besoins en matière d’accès à l’énergie, à la mobilité, à l’internet, tout portait à penser que l’Afrique allait gagner sa place dans un monde ouvert, marqué par la compétition économique et une offre de plus en plus diversifiée. Force est de constater que les années passées ont été contrastées tant en terme de croissance économique, qu’en terme de développement humain tandis que la pression sécuritaire semblait jeter une ombre sur l’Afrique.

            Les indicateurs économiques depuis 2017, et pour 2018 voire 2019 font apparaître une inversion de la tendance : la croissance du PIB de l’Afrique était de 2.4% en 2017. Elle avoisinera les 3.4% en 2018, 4% en 2019. Elle était de 1.3% en 2016. Certains pourront douter de l’homogénéité de l’optimisme économique en rappelant que les économies du Nigéria, de l’Afrique du Sud, de l’Ethiopie, et des pays de l’UEMOA tirent cette croissance. Mais elle marque sans doute un tournant dans un continent où si le secteur agricole a retrouvé des couleurs, les entreprises concernées par l’adaptation à la préservation environnementale et l’implantation de l‘e-économie constituent des secteurs porteurs dans un environnement international transformé.

La Chine, les Etats du Golfe arabique, la Russie, l’Inde, constituent autant de pôles d’influence nouveaux ou restaurés. Tout comme les Etats-Unis ou l’Union européenne, ils entendent acquérir ou renforcer les instruments d’une présence internationale. Pour y parvenir, ils se dotent non seulement des instruments de défense naturels à cette puissance, mais acquièrent et maîtrisent les technologies indispensables pour peser sur les affaires du monde. Les pays émergents sont désormais au nombre de 65. Ils étaient 12 en 1990. Ils représenteront 60% du PIB mondial en 2030.

Et l’Afrique n’est pas en reste. Le Maroc, l’Algérie, l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Mozambique, la Namibie, l’Angola, le Botswana, l’Ethiopie, la Tanzanie, le Nigéria, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Bénin ou le Ghana portent, avec d’autres, haut les couleurs d’une Afrique qui se relève.

L’Afrique est parvenue à démultiplier ses échanges commerciaux avec de nouveaux pôles de puissance, au premier rang desquels la Chine bien entendu. Mais le Brésil, l’Inde, certains Etats du Golfe arabique ne sont pas en reste. Il est vrai que les perspectives macro-économiques restent spectaculaires : l’Afrique retrouve les voies de l’essor économique après un ralentissement au début de la décennie.

En 2030, les pays riches représenteront 38% de la production mondiale. Leur part était de 62% en 2000. La part des pays non membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) au PIB mondial sera alors de 57% contre 49% actuellement.

L’Afrique est entrée de plein pied dans la mondialisation. Les échanges sud-sud, Chine-République démocratique du Congo par exemple, ou Kenya-Golfe arabique, ont été multipliés par 10 depuis 1990. Les échanges au niveau du monde l’ont été pendant la même période, par 4. La Banque mondiale évalue à près de 93 milliards de dollars par an, les besoins en infrastructures du continent durant la décennie qui s’annonce. Il est plus que temps de définir une stratégie industrielle fondée sur un partenariat avec l’Afrique si nous voulons participer au changement africain du XXIème siècle.

Cette croissance est favorisée par une démographie très forte : le continent africain va multiplier par deux son nombre d’habitants au cours des quarante prochaines années. La population africaine est de 900 millions d’habitants aujourd’hui. Elle en comptera 1.8 milliards en 2050. Un milliard de personnes vivront alors, dans les villes. Ce sont déjà près de 40 villes de plus d’un million d’habitants qui se développent. Des mastodontes comme le Caire, Lagos, Kinshasa constituent autant de moteurs régionaux permettant d’accompagner les villes de demain.

Un tiers des Africains seront considérés comme solvables économiquement d’ici à 2050, proches des « classes moyennes » telles qu’elles sont définies en occident. Bien entendu, les marchés qui pourraient s’ouvrir aux entreprises sont à la hauteur de ces défis. Autant dire que les besoins portant sur la gestion urbaine, comme l’assainissement des eaux ou la gestion des déchets sont énormes. Que dire des exigences en matière de mobilité et des transports urbains ? Avons-nous conscience des infrastructures dont l’Afrique aura besoin pour satisfaire la demande sur le plan énergétique ? Déjà, ce sont 30% du potentiel hydroélectrique mondial qui se trouvent en Afrique. Il est plus que temps de définir une stratégie industrielle fondée sur un partenariat avec l’Afrique si nous voulons participer au changement africain du XXI ème siècle.

Enfin et surtout devrions-nous dire, la dette des Etats africains représente 50% de leur PIB. Elle est, aux Etats-Unis et en Europe, de plus de 80% du PIB ! Cela signifie que les Etats disposent d’une marge encore suffisante pour financer leurs grands projets d’infrastructures. La demande de formation technique et professionnelle ne peut qu’augmenter. Une main d’œuvre qualifiée peut naître de cette révolution qui se répand sous nos yeux. Que ce soit à Dakar, Ouagadougou, Nairobi, Le Caire, Kigali, Luanda ou Johannesburg, partout la volonté de participer à la vague numérique et à la course aux infrastructures côtoient la fierté d’une identité assumée et retrouvée.

La France a raison de vouloir accompagner les efforts de l’Afrique visant à acquérir une place légitime au sein des institutions mondiales. Un partenariat politique est à inventer. Contribuer à faire du développement africain un modèle notamment en matière de lutte contre le réchauffement climatique, est une ambition à portée de main. Pour y parvenir, nous devons tous comprendre que les marchés en expansion de l’Afrique, constituent une chance pour nos entreprises. Cette conscience côtoie les priorités que sont l’emploi, la formation professionnelle et l’enseignement technique. L’harmonisation fiscale entre les pays est un objectif qui deviendra important dès lors que les coopérations régionales se développeront.

Il ne s’agit pas, pour autant, d’être naïf. Des problèmes en matière de sécurité perdurent. Des menaces comme la présence de mouvements terroristes dans la bande du Sahel, au Nord du Nigéria, la piraterie notamment dans l’Océan indien ou le Golfe de Guinée, un trafic de drogue agressif, existent. Des conflits ou des tensions perdurent, notamment dans l’Est du géant congolais, dans l’Ouest du Soudan ou dans les sables du Sahara.

La gouvernance reste dans certains pays, un problème de fond. Mais désormais, une fierté africaine apaisée et retrouvée, a complété les efforts longtemps portés par des hommes et des femmes d’exception comme le Sud-africain Nelson Mandela, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, la Kenyane Mangari Maathaï ou le Ghanéen John Agyekum Kufuor.

L’Afrique devient un marché d’avenir. Lui est-il possible de ne pas reproduire les schémas du passé ? L’Afrique est-elle condamnée à exploiter des matières premières sans en contrôler le prix et les voir transformées et manufacturées ailleurs ? A elle de se mobiliser pour rompre ce cycle.

L’émergence d’une demande intérieure et d’une politique industrielle pour certains d’une part, la dotation d’infrastructures pour amorcer une consommation nouvelle par ailleurs, peuvent accompagner une meilleure distribution des richesses tout en assurant un retour de l’Etat dans l’unité nationale pacifiée au sein d’un continent d’avenir.

Source : www.cartograf.fr/continent-afrique

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