M. Abderamane Djasnabaille, président du FFA au Tchad a donné une interview sur lesafriques.com.
Il revient notamment sur l’environnement des affaires au Tchad.
Retrouvez l’intégralité de l’interview sur lesafriques.com
Extrait :
LA : Vous représentez le forum francophone des affaires au Tchad. Vous affirmez que la démocratie et les droits de l’Homme se portent mieux. Qu’en est-il de l’environnement des affaires ?
AD : Nous y travaillons également. Moi, je m’occupe de la gouvernance, à la fois politique et économique. Sans gouvernance politique, notamment sans Etat de droit et sans la paix, il n’y a pas d’économie, il n’y a pas d’affaires. Aujourd’hui, le Tchad connaît un climat apaisé grâce aux accords politiques du 13 août.
Nous sommes aussi en train de travailler sur l’environnement des affaires, que je connais puisque j’étais consultant du PNUD pour la promotion du secteur privé. Le gouvernement travaille avec les chambres de commerce, avec les opérateurs économiques, avec les partenaires pour que les entreprises soient créées plus facilement, pour une fiscalité plus incitative. Pour le droit, nous sommes membre de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires, OHADA. Au niveau de la justice, il est vrai que nous avons des difficultés. Quand j’étais Garde des sceaux, j’y ai travaillé. Actuellement, le gouvernement continue à y travailler, pour que la justice soit de plus en plus conséquente, pour qu’elle ne succombe pas à la corruption. En ce moment, pour les affaires, le Tchad fait partie des Etats les plus fréquentés. Il y a des vols tous les jours sur Paris et ils sont souvent complets. Cela montre bien que le Tchad est devenu est une destination fréquentable. La paix avec le Soudan étant retrouvée, la rébellion étant devenue une question résiduelle, la lutte contre les coupeurs de route étant efficace, avec le recours à des hélicoptères, à l’aviation.
Désormais, nous travaillons pour le développement. Tout le pays est en chantier. Pour le pétrole, nous avons créé une société nationale. A un moment donné, la bataille avec la Banque mondiale a été rude. Le président est allé partout, à Bruxelles, aux Nations Unies, pour défendre la volonté du Tchad de sortir des griffes de la Banque mondiale. Et, en trois ans, nous avons payé par anticipation ce que nous lui devions. Le Tchad a tout payé. Il a crée sa société pour avoir la maîtrise de son pétrole.
L’année prochaine, nous allons commercialiser nous-mêmes notre pétrole, discuter avec les grandes sociétés. Ce n’est plus la Banque mondiale qui va gérer en notre nom. C’est le Tchad lui-même. Et nous avons un peu de moyens pour nous occuper du développement. Nous avons fait suffisamment la guerre. Nous en connaissons le prix. Nous en connaissons les affres. Nous ne voulons plus que, chaque année, le Tchad soit cité parmi les pays en guerre.
Nous voulons aller vers une perspective de développement, construire le Tchad, mais pas seuls. Il faut que ce soit au niveau de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, CEMAC. Nous devons nous entendre pour la libre circulation des personnes et des biens, le passeport communautaire, pour fluidifier le transport, qui prend trois à quatre jours d’un pays à l’autre.
Nous luttons contre la corruption. De hautes personnalités, dont des ministres, ont été arrêtées et jugées. Les gens font désormais attention. Sur le plan des affaires, cela avance donc et nous avons besoin d’avancer ensemble avec les pays amis, qui peuvent nous aider en vrais partenaires. Nous devons prendre notre destin en main.
Le destin de l’Afrique doit reposer sur les convictions fortes des Africains et l’Afrique sera ce que les Africains voudront. Mais il y a encore des batailles à mener. Il n’est pas normal que nous continuons à avoir une monnaie coloniale. Cela ne peut certes pas se régler en un jour, mais sur 10, 15, 20 ans même. Il faut y travailler, pour que cette indépendance, cette gouvernance économique puisse se traduire sur le terrain. D’abord gérer nos affaires et nous impliquer fortement dans la gouvernance mondiale. Aujourd’hui, l’Afrique, est loin derrière. C’est inacceptable, alors que sur le plan des matières premières, nous avons tout. La matière grise aussi, est là. Nous avons étudié dans les grandes écoles européennes, américaines. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas imaginer des solutions profitables à notre peuple.