Forum des langues. Une interview du délégué à la langue française.
Lien vers le site de la délégation générale à la langue française et aux langues de France
Après la longue soirée d’hier, où la place du Capitole est devenue, le temps de la Capitada, la cousine de la célèbre place Jamaa El Fna de Marrakech, c’est le Forum des langues qui prend la relève ce dimanche. Xavier North, délégué à la langue française, évoque l’évolution à venir des langues, dont le français.
Comment se place le français aujourd’hui sur la planète ?
Sa situation est plutôt bonne. Disséminé sur les cinq continents, le français est une langue désirée qui fait rêver. Près de 100 millions de personnes l’apprennent, surtout parce que c’est une langue porteuse d’un art de vivre, d’un patrimoine, d’idées, bref d’un modèle culturel.
Depuis plusieurs années, l’anglais est devenu prioritaire, notamment dans le monde des affaires. Qu’en pensez-vous ?
La notion de langue prioritaire est très subjective. Je ne suis par certain que l’anglais soit toujours prioritaire pour un francophone. Ce qui est certain, c’est que l’anglais s’est appauvri en devenant la langue essentielle des besoins immédiats de communication internationale.
Comment voyez-vous l’avenir des langues ?
Je suis plutôt optimiste sur l’avenir des langues dans le monde. Même si sur les quelque 6 000 langues parlées sur la planète, plusieurs dizaines disparaissent chaque année (surtout écrites). Ce qui peut donc menacer la diversité linguistique. Mais, pour combattre le phénomène, il faut comprendre que les langues sont à la fois des outils de communication et des grilles de déchiffrement du monde. À partir de ce constat, si les langues comme outil de communication tendent vers l’unité, les langues comme expression d’une culture tendent vers la diversité. Il faut aller dans ce second sens.
Faudra-t-il être bilingue demain pour appréhender le monde ?
Pas seulement bilingue, mais multilingue. Parler plusieurs langues, c’est accéder à plusieurs mondes. La mondialisation ne fait qu’accroître cette exigence. Parler une seule langue, c’est la solitude assurée.
Xavier North (délégation générale à la langue française et aux langues de France) dans La Dépêche