Qu’a-t-elle fait, cette pauvre réception, pour qu’on l’accuse ?
Le verbe accuser provient du latin accusare, formé sur le substantif causa.
Ce mot latin désignait la cause ; dès le latin il a pris le sens dérivé de « procès ». D’où le sens le plus fréquent, en français, du verbe accuser, à savoir « supposer quelqu’un coupable », l’incriminer, voire l’inculper. On dit de nos jours « mettre en examen », réforme juridique lexicale qui respecte le principe d’innocence.
Causa, cependant, désignait en général la cause, c’est-à-dire « la raison, le motif ». Accuser possède par suite le sens de « signaler, révéler ». On peut dire ainsi : son visage accusait la fatigue (il la trahissait) ; il accuse le coup (il montre, par sa réaction, qu’il est affecté ).
Accuser est donc, dans ce second emploi, un synonyme de montrer : ces roches accusent une formation quaternaire. Plus précisément, accuser peut prendre le sens de « montrer activement, faire ressortir » : la lumière accuse les contours du relief, une robe moulante accuse les formes.
On comprend par suite qu’accuser en viennent à signifier « annoncer ». En matière postale, on accuse réception d’une lettre ou d’un paquet : par là-même, on prévient l’expéditeur de la réception de son envoi. Il reçoit alors un accusé de réception, preuve manifeste que son envoi a atteint son destinataire.
Dans cet emploi, nulle culpabilité supposée, mais l’affirmation seulement d’une nature ou d’une identité révélée. N’attribuons donc pas d’interprétion fâcheusement xénophobe à une expression telle qu’un trait physique très accusé…