Revue d’économie financière n°146
Collectif sous la direction de Jean-Paul POLLIN et Xavier RAGOT
347 pages
Avec un entretien d’Olivier BLANCHARD
Au cours des 15 dernières années, en conséquence notamment des deux grandes crises (Subprimes et Covid), le taux d’endettement des économies avancées s’est accru de 50% passant de 72% du PIB à 125.
Cette situation génère une inquiétude partagée par les opinions publiques et les gouvernants que la remontée des taux directeurs des Banques Centrales est loin de pouvoir apaiser. Elle interroge aussi sur l’opportunité des déficits dont la maitrise est bien souvent reportée sine die, sur la « saine gestion » des finances publiques et les contraintes qu’elle fait peser sur l’Avenir des générations futures et notamment sur leurs revenus (ce qui reste contestable puisqu’en réalité, il s’agira plutôt de transferts entre générations…).
Quoiqu’ il en soit, la suspicion envers l’endettement public est largement entretenu tandis que, paradoxalement, celui de l’endettement privé (Ménages et Entreprises) bien qu’il soit passé de 120% à 150% du PIB au cours des dix dernières années, est moins sur la sellette. Tous ces débats qui font le miel des économistes, se rejoignent in fine sur la question de la soutenabilité de ces dettes, c’est-à-dire « ..sur le point de savoir dans quelle mesure l’Etat est capable de supporter ces charges sans être amené de façon délibérée ou non à faire défaut ou les renégocier.. ».
Alimentés par un entretien liminaire lumineux avec Olivier Blanchard, autour de sa définition de « la politique optimale », mélange entre une vue traditionnelle de la politique monétaire et d’une pensée de la politique budgétaire comme l’instrument principal de la stabilisation, les co-auteurs de cette impressionnante publication (où se côtoient les meilleurs experts du sujet, de Patrick Artus à François Ecalle, en passant par Anton Brender et Florence Pisani entre autres) s’efforcent d’une part, de tirer les enseignements de quelques expériences historiques pour, dans un second chapitre, définir et évaluer la soutenabilité, tandis que, dans un troisième chapitre très documenté, sont avancées des propositions de solutions pour assurer des trajectoires soutenables. Enfin, ces réflexions sont replacées dans le cadre budgétaire européen de la soutenabilité.
Les lecteurs, toujours fidèles, de la REF trouveront une nouvelle fois des éléments de réponse aux questions que l’actualité économique et financière met en avant et notamment sur le point de savoir si la mutualisation des dépenses et des dettes publiques est en soi une bonne solution dans la mesure où elle requiert comme le note François Ecalle : « …la solidarité entre pays qui pourrait manquer…»
Précieux pour tous publics
Jean louis CHAMBON Président du prix TURGOT
**Jean-Paul POLLIN – Professeur émérite Laboratoire d’économie d’Orléans
**Xavier RAGOT – Président OFCE