En fait ils sont trois mousquetaires, trois dérivés du vieux verbe soudre, du latin solvere, qui signifiait « payer, acquitter, délier » (pensons à solvable).
Résoudre est le plus simple ; il se conjugue assez normalement. Subjonctif présent : je résolve, passé simple : je résolus ; subjonctif imparfait : je résolusse. Son participe est également régulier : résolu(e).
Mais il s’agit d’un participe refait ; on disait dans l’ancienne langue résous et résoute. On parle encore régionalement en France, et au Québec d’un homme résous, pour signifier qu’il est « décidé, hardi ».
Résoudre fonctionnait donc exactement comme dissoudre et absoudre. Comment ces derniers forment-ils leurs participes ? Bizarrement :
- au masculin, à partir d’une forme du latin vulgaire, en – solsus. D’où les formes dissous et absous ;
- au féminin, à partir de la forme du latin classique, en – soluta, devenu –solta. Par suite : dissoute et absoute.
Telles sont les formes normales du participe passé, distinctes des adjectifs refaits, et dont le sens est fort différent : dissolu et absolu.
Ce ne sont pas les moindres difficultés des verbes dissoudre et absoudre, dans la conjugaison est devenue fort difficile : je dissolve, j’absolusse, etc.
Nous ne sommes pas les seuls à nous y perdre. Guillaume Apollinaire a risqué un absolvit, Gérard de Nerval a laissé échapper un absolva, Montherlant un dissolvèrent ; et Victor Hugo un étonnant subjonctif : jusqu’à ce qu’il s’en aille en en cendre et se dissoude.
Que ces maîtres de la langue se soient dissous dans cette conjugaison, c’est plutôt rassurant ; nous sommes absous.