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Langue française

Chômage

À partir du mot grec kauma, « la chaleur », le bas latin a formé le verbe caumare, qui signifiait « se reposer durant une forte chaleur ». Ce verbe a donné l’ancien français chomer, souvent écrit avec deux m, dont on a tiré, à l’aide du suffixe agentif –age, le substantif chômage.

Dans l’ancienne langue, le chômage c’est d’abord le fait de ne pas travailler volontairement. Plus précisément, on désigne ainsi la suspension des travaux, pour des raisons religieuses, le dimanche et les jours de fête. Cette signification est encore perceptible je crois, dans l’expression courante ne pas chômer, au sens de « travailler beaucoup » : « eh bien hier, je n’ai pas chômé ». Et les jours chôméss’opposent toujours, dans la nomenclature officielle, aux jours ouvrés, c’est-à-dire œuvrés.

Pas dérivation, le terme a désigné le fait de « rester improductif », involontairement donc, de par les conditions climatiques ou autres. On parle par exemple du chômage d’un moulin en période de basses eaux.

C’est au XIXe siècle, à la suite de la révolution de 1848, que le terme acquiert son sens moderne, économique et politique. Chômage prend alors le sens de « manque de travail pour quelqu’un qui en a besoin » ; d’où les dérivés chômeur et chômeuse, et les locutions chômage partiel, chômage technique, chômage structurel. Le mot comme la chose sont malheureusement devenus d’usage courant.L’histoire du mot est claire, mais pas sa graphie. Comment expliquer l’accent circonflexe sur la voyelle o ? Je l’ai dit, le terme s’écrivait souvent avec un double m : il entre ainsi, sous la forme chommage, dans la 2e édition du dictionnaire de l’Académie française. Dans la quatrième édition (1762), la Compagnie supprime ce m double et introduit un circonflexe sur l’o. Cet accent marque-t-il la disparition de la consonne ? Traduit-il une prononciation longue / chau-mer / ? On n’en sait rien et l’Académie ne s’est pas expliquée. Elle distribuait beaucoup d’accents circonflexes à l’époque ; on voit qu’elle n’a pas chômé.

À propos de l'auteur

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Universitaire, Bernard Cerquiglini fut professeur aux universités de Paris, Bruxelles et Bâton Rouge. Il est l'auteur d'une douzaine d'ouvrages. Haut-fonctionnaire, il dirigea l'Institut national de la langue française et fut délégué général à la langue française et aux langues de France, puis recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie. Il présente l'émission quotidienne "Merci professeur" sur TV5Monde et est membre de l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo).
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