L’accession au pouvoir du nouveau Président cubain, M. Miguel DIAZ-CANEL BERMUDEZ vient de placer Cuba sous les feux de l’actualité. Le processus engagé qui accompagne une évolution politique sur le long terme doit cependant se poursuivre avec une volonté de rendre le pays attractif pour les entreprises. Des réformes ont été engagées dès 2010 comme l’autorisation de micro entreprises dans 500 métiers. La création de la zone franche au port de Mariel est emblématique de l’ambition cubaine d’en faire à terme le « hub régional » des Caraïbes.
Même si Cuba reste la première économie régionale des Caraïbes, les défis sont de taille : sur le plan de l’agriculture, du numérique, de l’ouverture économique. La Havane met désormais l’accent sur certains secteurs d’activités : le tourisme, l’énergie renouvelable, la santé, le développement urbain, les transports, le secteur agro-alimentaire. Le maintien de la double monnaie, le CUC et le péso reste un handicap économique et renforce un système à deux vitesses. Le nouveau Président sait bien qu’il lui faudra, à terme, s’atteler à ce problème économique majeur.
Au niveau bilatéral, une déclaration conjointe sur la reprise de la coopération a été signée à la Havane le30 Novembre 2010.
Pour autant, l’économie cubaine reste toujours fragile, dépendante de différents secteurs clés exportateurs qui permettent de financer son modèle socio-économique. Affectée par les difficultés que traverse son plus grand partenaire, le Venezuela, Cuba doit faire face à une contrainte de liquidités qui a provoqué en 2016 la première récession depuis 25 ans (évolution de -0,9% du PIB). Les autorités ont cependant annoncé une reprise dès 2017 avec 2% de croissance. Mais il lui faudrait parvenir à 7% pour enclencher une dynamique de développement soutenu.
L’annonce historique d’un rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 2014, l’assouplissement de l’embargo qui s’en est suivi et le fort intérêt des investisseurs étrangers pour ce pays aux côtés de l’essor considérable du tourisme depuis quelques années, offrent cependant des perspectives encourageantes. Malgré le durcissement de Washington depuis 2017, le niveau des « remesas », des flux financiers émanant de la communauté cubaine établie à l’étranger, principalement aux USA, reste élevé : plus de 3 Mds€ par an. Le premier poste de revenus est constitué du « prêt » des médecins dans le monde (60.000), procurant près de 6 Mds €/an. Mais, la complexité du cadre macroéconomique, les difficiles conditions de financements continuent d’être des entraves à l’installation des entreprises étrangères.
La relation entre la France et Cuba s’est renforcée sur le plan économique ces dernières années, notamment grâce au le soutien français dans la conclusion d’un accord sur la dette cubaine à moyen et long terme avec le groupe de créanciers du Club de Paris, le 12 Décembre 2015, autorisant l’accès à de nouveaux investissements internationaux. Les entreprises françaises manifestent un intérêt certain pour le marché cubain.
Chaque événement bilatéral constitue d’ailleurs l’occasion aux entreprises nationales, de rappeler leur présence. Le volume des exportations françaises vers Cuba avoisine 150 M€. Les investissements français à Cuba représentés par une trentaine de bureaux de représentation notamment Bouygues Bâtiment international, Accor, Pernod Ricard, Air France, Comptoir des Caraïbes, Havana Club, Total, Alcatel, offrent un socle solide à cette relation. Une feuille de route économique conjointe définit le cadre et les secteurs prioritaires (tourisme, santé, énergie, développement urbain, transports, agro-alimentaire) de la relation bilatérale et des actions françaises.
L’Agence française de développement est mobilisée pour soutenir des projets identifiés et par la mise en place des financements pour appuyer les investissements que feront les entreprises françaises . La France fait partie des 10 premiers partenaires économiques de Cuba, l’Union européenne étant pour sa part le premier partenaire commercial de La Havane, avec 22% des échanges commerciaux en étant au 1er rang pour les importations cubaines et 2ème rang pour les exportations.
La relation avec la France se développe également à travers des échanges scientifiques et universitaires notamment dans les domaines des biotechnologies, de l’agronomie, de l’environnement, de la médecine, des sciences exactes et de l’ingénierie. L’enseignement et la diffusion de la langue française s’appuient sur les Alliances françaises de la Havane et de Santiago, seuls centres culturels étrangers autorisés et très fréquentés avec près de 10.000 élèves dans la capitale. Cette promotion francophone se vérifie dans le cadre de la promotion d’une présence de qualité lors des événements culturels comme la biennale d’art contemporain, le Festival international de théâtre, le Festival du film français de Cuba.
Ces axes assurent une présence permanente établie, offrant autant de garanties à une relation bilatérale qui exige de s’inscrire dans la durée pour compter non seulement dans le cadre de la relation bilatérale mais également pour renforcer une présence régionale.