Djerba sera la capitale mondiale de la francophonie en novembre 2021, si le contexte sanitaire permet à la Tunisie d’accueillir le 18ème Sommet de la Francophonie sur le thème « Connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ».
Sarra Maâouia a rappelé à cette occasion que l’espace francophone constitue un territoire de relations économiques et commerciales privilégiées, par son histoire et par sa langue.
C’est le moment de se souvenir que le français est la langue du Tourisme, et mon Edito de septembre 2017 sur ce thème est plus que jamais d’actualité.
La France est toujours la première destination mondiale en nombre de visiteurs internationaux et l’un des principaux pays émetteurs ; Le réseau des restaurants français dans le monde participe aussi à ce rayonnement de la France dans le Tourisme international.
Il serait intéressant de pouvoir y ajouter également les chiffres du Tourisme dans les pays francophones, mais les principales statistiques internationales disponibles sont faites par principaux pays touristiques, grandes régions et continents, ce qui ne permet pas de mesurer le poids exact du Tourisme francophone. Cependant ces chiffres mettent déjà en évidence que le Tourisme offre tous les ans des centaines de millions d’opportunités de contacts avec la langue française donc avec la Francophonie, ses cultures et ses entreprises, et surtout que le Tourisme est encore un des premiers atouts de la « Marque France » à l’international.
De plus, le tourisme linguistique est en plein essor. Le premier séminaire de haut niveau organisé sur ce sujet en Juin 2015 par le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international avait montré que l’intégration de la langue française dans notre offre touristique avait un impact important sur l’attractivité de nos Régions.
A cette occasion une plateforme numérique développée par Campus France a été lancée : « Immersion France ». Elle a pour ambition de faciliter la venue en France des étudiants mais aussi des professionnels et des touristes désireux d’apprendre la langue française lors de séjours touristiques adaptés. Au-delà des chiffres annuels très positifs, il ne faut pas oublier que la marge de progression est immense car 125 millions de personnes apprennent le français dans le monde et plus d’un million s’inscrivent chaque année dans notre réseau exceptionnel d’Instituts français et d’Alliances françaises. L’Alliance française est en effet le premier réseau culturel mondial avec 800 implantations dans 137 pays sur les cinq continents pour un demi-million de personnes chaque année, auxquels il convient d’ajouter les six millions de personnes qui participent à leurs activités culturelles.
Mais il est à déplorer que la plupart d’entre eux ignorent l’existence de cette plateforme.
Certains de ces établissements ont innové en créant des modules spécifiques pour « le français langue du Tourisme » mais trop peu d’entre eux et le lien avec la promotion des destinations françaises y est rarement associé faute de partenariats. Toutes ces initiatives pourraient être étendues aux pays francophones.
Le réseau « France Alumni », mis en place en 2014, permet par ailleurs aux étudiants ayant réalisé des études supérieures en France de rester en réseau, de valoriser leur séjour en France dans un cadre professionnel et de maintenir des liens d’amitié. Il pourrait être étendu aux étudiants « non supérieurs » des métiers du tourisme (guides-interprètes, métiers de l’accueil, de la gastronomie, de la mode, des activités sportives de plein air, de la médiation culturelle, du numérique etc…) car ils sont eux aussi des ambassadeurs précieux de la culture francophone dans le monde.
Le Tourisme est un des premiers vecteurs de promotion culturelle et de développement économique et territorial, et c’est aussi un levier très efficace de progrès social, fidèle à l’objectif premier des Pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle : mettre la langue française au service de la paix, de la solidarité, du développement et du rapprochement des peuples par le dialogue des civilisations.
C’est d’autant plus important aujourd’hui que le Tourisme francophone doit relever aussi un nouveau défi, au-delà des enjeux économiques et sociaux, car les attentats de ces dernières années montrent que les cibles choisies sont la plupart du temps des lieux culturels et touristiques. Ce n’est pas un hasard. L’enjeu est donc dorénavant aussi éthique car le Tourisme francophone peut participer à la « défense et illustration » d’un art de vivre, et d’une certaine idée de l’homme et de la femme.
Tant en France que dans les pays africains, il existe une prise de conscience bien réelle de l’importance de la diaspora et du rôle qu’elle peut jouer notamment comme accélérateur des économies du continent. Si toutes les générations diasporiques n’ont pas le même rapport à l’Afrique – les anciennes générations se sentent « redevables », quand les nouvelles générations envisagent davantage l’Afrique comme une terre d’opportunité – une constante demeure : les transferts d’argent vont croissants.
Même si l’essentiel des transferts réalisés vers l’Afrique sert encore à subvenir aux besoins des familles, les questions de développement économique local et de créations d’activités sont ouvertement discutées au sein des plus jeunes générations. Elles veulent entreprendre et n’entendent pas utiliser les mêmes courroies de transmission que leurs ainées. Leur horizon n’est plus le village, le département ou le pays d’origine mais l’Afrique tout entière, avec ses taux de croissance et ses sources d’opportunités personnelles. Une fois les aides familiales satisfaites, trois types d’investissements concentrent l’essentiel des ressources : les projets immobiliers, les projets solidaires d’intérêt général et les investissements productifs dans des projets d’entreprises d’import/export ou locales.
Sur le plan économique, les diasporas sont un des premiers acteurs de la solidarité internationale, loin devant les agences de développement et autres acteurs de l’aide publique au développement. Ainsi, les transferts d’argent représentent une ressource en devises essentielle pour les pays d’origine et pour nombre d’entre eux, une part non négligeable de leur PIB. Ils sont l’une des rares ressources stables pour les pays d’origine.
Bien que les tarifs aient baissé ces dernières années, les coûts des transferts de fonds – et les estimations de perte associée pour l’Afrique – restent importants. On observe toutefois une volonté forte des pays africains de faire évoluer leurs cadres institutionnels et normatifs en faveur d’une baisse des coûts des transferts de fonds et de l’investissement de leurs diasporas. Cette évolution s’inscrit dans un contexte dynamique lié à l’attrait des jeunes générations des diasporas pour leur continent d’origine et à la diversification de l’offre de services existante, notamment à travers les outils de la FinTech, d’Internet et des télécommunications.
En Afrique, si l’essentiel de la population ne possède toujours pas de comptes bancaires classiques, une majorité d’individus possède un téléphone portable et/ou un accès régulier à internet. Dans ce contexte de faible inclusion bancaire, le mobile money ne pourrait-il pas devenir une alternative sérieuse à l’offre existante des banques et des opérateurs de transfert de fonds pour les diasporas ?
Très prisée par les populations africaines, le mobile money s’est imposé localement comme la solution en termes d’accès aux fonds pour les récipiendaires les plus marginalisés (ruraux, femmes, personnes âgées) et le continent possède aujourd’hui le record de pénétration du marché loin devant l’Asie, l’Amérique Latine ou l’Europe.
Source : http://www.aresandco.com/blog/2020/02/18/diaspora-et-mobile-money/
L’un des deux plus grands Salons internationaux du Tourisme, la FITUR, vient de fermer ses portes dimanche à Madrid, et, pour son quarantième anniversaire, il a enregistré un record historique de participation : plus de 255.000 visiteurs, 918 exposants, 11.000 entreprises et 7.625 journalistes, avec une participation internationale de 56 %, venant de 165 pays et régions.
Il faut surtout noter le nombre de participants professionnels : 150.000, soit une augmentation de 5,16 % par rapport à l’année dernière.
Il en est de même pour la présence sur les réseaux sociaux : 217.000 abonnés (followers) sur ses plateformes, et le mot-dièse (hashtag) dédié a été utilisé par 105 millions d’utilisateurs le seul jour de l’inauguration.
L’impact économique a été évalué à 333 millions d’euros. L’importance géo-politique peut être traduite par la présence de plus de 700 Ministres, Ambassadeurs et Présidents. D’où l’intérêt de ses travaux.
Mais, comme tous les ans depuis 2007, la France était absente.
Et, pour information à titre de comparaison, nous sommes très loin des chiffres habituels des Salons français du Tourisme. TOP RESA qui réunit tous les ans à Paris l’ensemble de l’Industrie du Tourisme n’a reçu par exemple que 34.000 professionnels en 2018.
Les deux grandes innovations de ce Salon pouvant intéresser les acteurs économiques de la Francophonie sont :
– L’annonce de la création à Madrid, par l’Organisation mondiale du Tourisme des Nations unies (OMT), et avec le soutien du Gouvernement espagnol, d’un « Davos du Tourisme », dont le premier Forum se déroulera fin 2020 et qui « consolidera Madrid en tant que capitale mondiale du Tourisme » selon les termes de son Secrétaire général. Les pays[1] et les entreprises privées francophones membres de l’OMT devraient s’y intéresser dès maintenant afin de pouvoir y participer efficacement.
– L’inauguration de la plateforme « FITUR MEET AFRICA », qui est destinée à promouvoir l’offre touristique du continent africain et à générer des alliances commerciales. 32 pays africains ont participé à ce lancement qui accroit la présence déjà importante de l’Afrique dans ce Salon et le nouveau rôle de plus en plus prééminent de l’Espagne dans ce Continent. Cette démarche a été initiée par INVESTOUR, le Forum espagnol des investisseurs et des entreprises touristiques en Afrique.
En marge de la FITUR, Le ministre ivoirien du Tourisme et des Loisirs, Siandou Fofana, et le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, ont procédé à la signature officielle de la Convention en vue de l’organisation du prochain Forum mondial sur l’investissement touristique en Afrique, qui se tiendra à Abidjan du 20 au 22 février 2020.
Son objectif est de tenter de poursuivre au niveau du Continent la stratégie de mobilisation des Fonds adoptée par la Côte d’Ivoire en vue de financer son plan de développement touristique 2018/2025 « Sublime Côte d’Ivoire ». En effet, le Forum de Dubaï, en octobre dernier, lui a permis d’obtenir près de 5 milliards de dollars de promesses d’investissements directs étrangers dans le secteur du Tourisme. Une quinzaine de pays africains auraient manifesté leur intention d’y participer.
Ces initiatives sont d’autant plus importantes que l’OMT a annoncé les derniers chiffres du Tourisme dans le monde : Pour la 10ème année consécutive le Tourisme mondial consolide sa croissance en 2019. On a enregistré 1,5 milliard d’arrivées de Touristes internationaux, soit une augmentation de 4% en 2019[2] . C’est aussi le taux attendu pour 2020.
Cette croissance confirme pour l’OMT le rôle moteur du Tourisme et sa résilience en tant que secteur économique malgré le contexte mondial. Certes la croissance s’est tassée par rapport aux taux de 2017 et de 2018 mais il faut noter qu’ils étaient exceptionnels et que cette croissance est tout de même restée supérieure à celle de l’économie mondiale.
De plus, le Tourisme étant un secteur d’exportation de premier plan et un important pourvoyeur d’emplois, l’OMT considère que le moment est venu de lui faire « une place centrale dans les politiques de développement mondial ».
La 2ème Conférence internationale sur la Francophonie économique se tiendra du 2 au 4 mars à Rabat (Maroc), et elle aura pour thème central « L’entrepreneuriat et l’insertion professionnelle des jeunes et des femmes en Afrique francophone ». Le secteur du Tourisme étant le seul secteur économique qui permet l’entrée sur le marché du travail des jeunes et des femmes sans formation et avec une perspective d’ascenseur social, c’est une occasion à ne pas manquer.
[1] Les pays qui sont à la fois membres de l’OIF et de l’OMT sont 71 : 46 membres de plein droit, 3 membres associés, et 22 observateurs.
[2] + 8% pour le Moyen-orient, + 5% pour l’Asie-Pacifique, + 4% pour l’Europe, + 2% pour les Amériques, et + 4% pour l’Afrique (dont + 9% pour l’Afrique du nord et + 1,5% pour l’Afrique subsaharienne)