« Fin du travail », comme nous la promettaient des sociologues mal inspirés ? Transformation profonde du travail sous l’effet du numérique, plus vraisemblablement. En tous les cas, le travail est sur la sellette…
Les deux mots sont voisins.
Sellette, comme sellier et sellerie est un dérivé de selle. Il désigne en ancien français un petit tabouret, sur lequel notamment on asseyait l’accusé pour l’interroger. Et, comme on sans doute, les mœurs de l’époque n’étant pas des plus douces, selon un interrogatoire musclé ; ce que l’on appelait alors « mettre à la question ». Être sur la sellette signifie donc « se faire maltraiter dans un but d’aveu », et par suite « être soumis aux critiques, aux pressions » ; plus généralement, « se trouver dans une situation peu confortable ».
Le travail a une origine fort voisine. Il est issu du latin trepalium, « trépied », qui désignait un instrument de torture. Il a par suite le sens de fatigue et de douleur dans toute l’ancienne langue, où il était synonyme de peine. On disait par exemple se travailler pour exprimer un effort physique violent : un bûcheron se travaillait.
La langue actuelle a gardé la trace de cette signification ancienne et courante. Ainsi, l’appareil auquel on attache un cheval pour le ferrer s’appelle toujours un travail, Et surtout, en médecine, travail désigne les douleurs de l’accouchement : on parle de travail d’enfant, de salle de travail et de femme en travail.
C’est seulement vers le XVe siècle que travail a commencé à signifier « activité productrice et rémunérée », éliminant labeur. Mais cette activité est toujours pénible, comme on le voit au pluriel dans travaux forcés, ou en psychanalyse dans travail de deuil. Et comme on le vérifie tous les jours…